Beaucoup de choses à partager suite à ce dernier voyage en Egypte!
Pour commencer, une visite du Monastère St Simon dans "l'arrondissement" de Mokattam du Caire m'a amenée à traverser le quartier des Zabbalines. Comme toujours, pas de recherche préalable pour bénéficier du choc de la rencontre sans a priori (et suis inculte, pour toujours), donc outre l'objectif du Monastère la découverte de ce quartier au pied de ce lieu touristique fort connu interpelle.
Je suis allée avec des amis égyptiens, lesquels un peu gênés me demandaient d'être discrète en prenant les photos, voire en vérité me recommandaient de ne pas en faire! Ceci explique la mauvaise qualité des images des rues. Les chiffoniers du Caire sont plus connus chez nous qu'au Caire, grâce à soeur Emmanuelle notamment. Dans l'ignorance et avec les événement de 2010 (300 000 porcs sous prétexte de grippe aviaire tués), la population est effrayée.
De retour, j'ai un peu cherché à comprendre: on trouve des infos, des reportages: 2011, 2013..., sujet à l'actualité même.
Les habitants sont pour une grande majorité des chrétiens coptes (>90%); on estime à 10% de la population égyptienne, la part des Egytiens coptes, une des plus anciennes communautés chrétiennes.
L'odeur tout d'abord accueille étrangement.
Dès mes premiers séjours au Caire, j'ai été interpellée par ses ambulants, si jeunes, souvent enfants, avec un âne, une charrette bricolée avec du bois recyclé, triant dans les poubelles certains objets précis ou matières.
La recommandation est de ne pas échanger avec eux, ils ne sont pas perçus positivement par la population (agressifs, simples, incultes: communauté stigmatisée par ses liens aux déchets et aux porcs; ce n'est pas religieux mais simplement lié aux codes sociaux). Le fait est que ne parlant pas la même langue, les malentendus pourraient vite apparaître. L'emploi "d'ouvriers", d'enfants est commun, non comment: ils soutiennent leur famille dit-on. Ils sont employés par des entrepreneurs forts riches, dit-on de même.
Pour anecdote, lors d'un séjour, j'ai conservé les bouteilles vides en plastiques (ne pas les écraser): 2 sacs poubelles immenses. Dans l'urgence au départ, je n'ai pu les donner aux enfants collectant les déchets mais j'ai fait une heureuse, la femme de ménage de l'immeuble: les contrastes sociaux sont difficiles à imaginer en France!
Par ailleurs au Caire j'ai souvent photographié, ceux qui collectent les "encombrants": meubles, électroménager, informatique.... Ils passent dans les rues et haranguent les foules, leur appel est caractérisé, je ne rate pas un passage ;). A gauche, pour info l'employé du parking, il bosse 24/24, dormant juste en face toute l'année, une petite surface visible de la rue, toutes portes ouvertes 365/365 j, par tranches de quelques heures, sa famille est dans la campagne loin du Caire (travailler plus pour gagner plus, mais tant! mais hors sujet).
* la guerre des déchets
zabbâlîn se prononce zabaline et dérive de zabbâl (déchet, ordure) et de zibbâla, la poubelle.
Les hommes sont fatigués, il est plus de 15h, l’heure de pause, leurs fils aussi, ils se lèvent tôt !
Les femmes et leurs filles le sont aussi, mais à la maison.
En voiture avec 2 amis j’ai souhaité m’arrêter marcher un peu, impossible, personne ne le fait ! Au retour, rouler doucement même fut difficile.
En effet malgré l’étroitesse des rues, ici de nombreux véhicules circulent, bien chargés de produits recyclés.
Par exemple, ce superbe chargement de bidons en aluminium propres comme neuf. Naïve je croyais avoir la photo du siècle, rien du tout, ce camion et son précieux chargement apparaît dans tous les reportages sur les zabbalines ;) Je vous mets la mienne ci-dessous avec tous autres chargements de produits ou matière première recyclée.
Ces bidons sont utilisés très largement en Egypte par les « restaurateurs » - manger à l’extérieur est l’usage au Caire et dans les grandes villes au moins- et les ménagères : ils servent à préparer des aliments fermentés (notamment poisson, haricots... mets très consommés et je n’ai pas tout compris).
Vous pouvez remarquer que les camions paraissent neufs, pas de Saviem, pas d’ânes tirant charrette ici ! Ceci corrobore le discours des amis égyptiens décrivant la réussite des entrepreneurs dirigeants ce marché.
L ‘hygiène ensuite
Comment expliquer pour être entendue ? Tout est relatif, il ne faut pas juger hâtivement !
Bien sûr les rues sont jonchées de déchets et de poussière (nous sommes aux portes du désert !) Rien de bien pire qu’en ville, à Héliopolis par exemple, si on réfléchit au contexte, aux travaux effectués ici : trier TOUS les déchets d’une ville de 23 millions d’habitants (même si on en compte seulement 10% d'habitants)
Un tri est déjà fait, les matières organiques ont disparus; par ailleurs les sacs ne sont pas béants, ouverts: rien vu d’aussi laid que le début d’un film mis en lien ci-dessous.
Cependant on note le nombre de boutiques spécialisées : sacs, liens, ficelles... tout le nécessaire, boutiques local de tri. Parmi ces échoppes le boucher, le boulanger, le marchand de téléphone. Nous pouvons en déduire que les gens y vivent ! C’est « propre », « rangé » : fin de journée.
L’entrée des immeubles et certaines ruelles, impasses perpendiculaires interpellent : des couloirs chargés de sacs plastiques... Ce qui nous amène à la vue du ciel : dans un jardin du monastère de St Simon
La vue du ciel
Du Monastère St Simon, notamment du jardin situé en face de la première église ‘St Simon 's Church’ ET en allant vers le fond, vers la vue, on pourra observer le panorama. Nous sommes à la montagne, en altitude ne pas oublier de chercher la vue !
Au fond, à gauche sur les photos large angle on voit la citadelle de Saladin 12ème s et la coupole et les minarets de la mosquée de Mohamed Ali, pour se situer.
Plus près, on voit le quartier des zabbalines, de belles couleurs sur les façades peintes de ce seul côté !! Superbe cependant qui en profite ? les touristes, les moines, nous, moi et vous ici, pas la population certes !
Si on regarde bien, les images sont riches :
- un balcon joliment peint (vivre heureux) si unique ( L ),
- les terrasses grandes, chargées de sacs – les plus précieux ? -, habités par des animaux : chèvres, moutons et porcs* (pigs*), volaille aussi. On peut voir des enfants qui jouent, qui bougent.
- L’envahissement des rues et ruelles par les sacs, bleus en général mais aussi en toile, bruns.
- Les antennes paraboliques : c’est bien un lieu de vie !
Quelques images du Monastère, le but initial
L'arrondissement/le quartier de Mokattam est par ailleurs un lieu de vie pour les cairotes les plus aisés à quelques kilomètres d'ici. Un quartier de shopping de luxe et des villas immenses avec vue sur la Corniche.
Surplombant la ville, une vue panoramique sur toute la ville fait le bonheur des amoureux et des familles. On y trouve encore, la semaine dernière, des tapis et coussins confortables pour apprécier longuement le lieu.
Comme à Marseille, les fumeurs de hashish ne sont plus les bienvenus ;), les voitures ne peuvent plus accéder: les anciens étudiants trentenaires amis racontent avec nostalgie..... certains ont vécus cela ici à 50 m.
Corniche in Mokattam Cairo
BIBLIO
- *les porcs à Mokattan: Bénédicte Florin, 2011: clic, "les chiffoniers du Caire et la grippe porcine"
- video Soeur Emmanuelle 2009
- la guerre des déchets: video
- le caire - Mokattam - le village des ordures: video
- le caire - saint simeon - le dimanche des rameaux: video
Les chiffonniers du Caire et la grippe porcine